Notre histoire

"C’est devant les nombreuses barrières (mythes, préjugés, silence) érigées autour de la question des agressions à caractère sexuel et du constat d’une importante demande de services auprès des femmes agressées sexuellement qu’est né en 1975, à Montréal, le premier centre d’aide. En peu de temps, six autres centres ont vu le jour à travers la province.

Notre analyse des agressions à caractère sexuel est féministe. Elle imprègne notre travail, c’est-à-dire notre gestion, nos pratiques et nos interventions. Lors des interventions, les aspects économiques, politiques et sociaux du problème sont abordés. C’est en conscientisant les femmes sur les causes extérieures du climat de violence qu’elles peuvent en arriver à faire le lien entre la position de victime potentielle et l’intégration des stéréotypes féminins véhiculés dans notre société. Les causes de la violence sont, avant tout, sociales. Les actions pour les éliminer doivent être aussi sociales.Nous considérons qu’aucune femme n’est à l’abri d’une agression à caractère sexuel et que des oppressions spécifiques reliées à l’âge, l’origine ethnoculturelle, l’orientation sexuelle et l’identité sexuelle, l’allégeance politique, la classe ou le statut social ou l’état de santé globale (physique, intellectuel, etc.) présentent des potentiels supplémentaires de vulnérabilité pour certaines d’entre nous. Le CALACS se veut un endroit où chaque femme a sa place.

Devant l’attitude discriminatoire du système policier et judiciaire, l’absence d’accueil et de soins adéquats du système hospitalier et la rareté ont travaillé des ressources d’aide, des féministes préoccupées par cette réalité ont travaillé à. la mise sur pied de ressources pour venir en aide aux femmes agressées sexuellement (Vandal, 1997, 1998; Robitaille et Tessier, 2010).

Enfin, la population en général entretenait souvent de nombreux préjugés non seulement à l’égard des agressions à caractère sexuel mais également à l’égard des femmes qui en sont les principales victimes. Malheureusement, certaines de ces situations prévalent encore aujourd’hui et ont pour effet de confiner les femmes agressées sexuellement dans la honte, l’isolement, la peur. À ce moment, force était de constater que les CALACS faisaient face à un système judiciaire qui n’assurait peu ou pas la protection, le droit à la sécurité et à la liberté des femmes, qui ne reconnaissait pas complètement la gravité de ce crime et encore moins les conséquences psychologiques et physiques subies par les femmes agressées sexuellement. Depuis le tout début, les centres ont été mis sur pied par des femmes qui décidèrent de répondre elles-mêmes à leurs propres besoins et de revendiquer des changements tant au niveau social que juridique.

Grâce à leur persévérance, on compte maintenant au Québec, 26 centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel faisant partit du regroupement québécois. Afin de renforcer l’efficacité de leurs luttes locales et régionales, de réduire leur isolement géographique et de créer une force de pression, les centres ont fondé, en 1979, le Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel. À ce moment, le principal objectif du Regroupement était d’assurer la survie financière des centres. Depuis, le Regroupement est devenu un important réseau d’échange, d’information et de formation auprès des CALACS permettant ainsi aux travailleuses, aux militantes et aux collaboratrices qui en sont membres d’approfondir leurs réflexions et de partager leurs expériences. Le Regroupement est aussi un moyen pour ses membres de mener ensemble des luttes, des dossiers et des projets communs.

*De nombreuses pressions exercées dans les années 80 auprès du Ministère de la Santé et des Services Sociaux ont permis de poser les jalons au financement de base des centres. Les questions du financement, de la consolidation et du développement sont toujours d’actualité dans les CALACS*"